Zéro déchet dans ma cuisine – Etape 2 la diminution des déchets organiques

Il y a quelques jours je vous expliquais ce qu’était une démarche zéro déchet, pourquoi elle pouvait être intéressante et comment mettre en place le premier pas. Voyons aujourd’hui comment diminuer les déchets organiques, autrement dit « l’humide », « la nourriture », les « déchets de table »…

Dans le billet précédent de cette série consacrée à l’obtention d’une cuisine zéro déchet, je vous expliquais en quoi consistait cette démarche, ce qu’elle avait d’important et comment réaliser le premier pas, le tri sélectif. Je fais exprès de ne pas dire « petit pas », car un pas est un pas, et il n’y a aucune raison de le dévaloriser.

Petit rappel : pourquoi une démarche 0 déchet ?

Nos déchets ont un impact sur l’environnement

Pour ceux qui n’ont pas lu cet article, je vous rappelle que vouloir obtenir une cuisine 0 déchet, c’est prendre conscience que tout ce que nous jetons à la poubelle ne disparaît pas, cela finit soit incinéré et donc dans notre air, soit enfoui et donc dans la terre pour un certain nombre d’année.

Tout ce que nous achetons laisse donc une trace sur notre environnement. Le traitement des déchets d’une manière générale coûte très cher à la Société (celle avec un grand S que nous finançons via nos impôts et les différentes taxes, mais surtout que nous finançons non pas avec de l’argent mais en terme de dégradation des biens communs, si ce thème intéresse quelqu’un nous pourrons y revenir plus tard, n’hésitez pas à vous manifester en commentaire !)

La mauvaise nouvelle, c’est que nous ne pouvons pas ne pas produire de déchet. Je préfère ne pas vous mentir.

La première bonne nouvelle c’est qu’une fois qu’on a compris cela, on peut essayer de limiter nos déchets, afin que notre empreinte sur la planète soit la plus faible possible.

 

La deuxième très bonne nouvelle, c’est qu’un déchet n’est pas forcément négatif, il peut avoir une seconde vie et être valorisé.

Une démarche 0 déchet se met en place pas à pas

La démarche pour limiter ses déchets, se met en place doucement. Tout bouleverser du jour au lendemain risque de vous dégoûter. Il vaut mieux prendre son temps et arriver à la fin sans culpabilité ni souffrance, que de foncer bille en tête et de ne pas tenir la cadence.

En effet, s’orienter vers le 0 déchet, va vous demander un effort, et de prendre conscience de ce qu’il se passe autour de vous en terme de consommation. Il est strictement impossible de passer d’un charriot de course plein 2 fois par mois avec beaucoup de contenants et de produits industriels, à une poubelle vide, tout en gardant le même style de consommation. Une fois de plus je ne suis pas là pour vous mentir. Il va donc falloir s’adapter, trouver des solutions pour garder un confort de vie tout en respectant l’environnement et en limitant son empreinte.

Selon moi, le premier pas, est le plus facile à mettre en place. Je vous l’ai expliqué dans notre précédent article, c’est le tri sélectif. J’espère que maintenant vous le maîtrisez un peu mieux (il change selon les villes, les régions etc).

Grâce au tri, une partie de ce que vous avez jeté a pu être réutilisé. C’est déjà ça de moins dans l’air ou sous terre. Et c’est également autant de ressources initiales qui n’ont pas eu besoin d’être prélevées ! Félicitations !

Je vous ai expliqué qu’en triant vos déchets, vous alliez vous rendre compte un peu plus de ce que vous jetiez dans la poubelle qui n’est pas revalorisé. Peut être avez vous déjà commencé à analyser ce que vous jetez. Aujourd’hui nous allons donc nous intéresser à tout ce qui est organique.

Diminuer les déchets organiques dans ma cuisine

Qu’est ce qu’un déchet organique ?

Selon l’ADEME dans son rapport de décembre 2015, un français jette en moyenne 365Kg de détritus par an, 590 Kg si on ajoute les détritus des déchèterie. Il y a de quoi donner le vertige, n’est ce pas. 1 Kg par jour et par personne ! Ce chiffre tient compte de tous les déchets que nous produisons qu’ils soient recyclables ou non, mais quand même !

Chez vous vous avez donc 2 poubelles, disons une verte pour le recyclage, et une noire pour tout le reste qui n’est pas récupéré par votre ville ou votre agglomération, et qui à l’heure actuelle n’est pas revalorisé.

Dans cette poubelle noire, vous pouvez constater qu’il y a deux grands types de déchets :

– des déchets secs : essentiellement des plastiques non recyclables

– des déchets humides : restes de nourriture, épluchures, sopalin …

Les déchets organiques sont ces fameux déchets humides, aussi appelés déchets de table. C’est aussi ce qui va sentir mauvais si vous ne sortez pas votre poubelle régulièrement, car cela va pourrir.

Une question doit donc sûrement brûler vos lèvres …

Comment diminuer mes déchets organiques ?

Et oui, c’est bien beau les chiffres, mais concrètement je fais comment ! La réponse va dépendre d’une personne à l’autre en fait. Il n’y a pas de solution universelle, car tout le monde jette des choses différentes. Vous allez donc devoir regarder ce que vous jetez.

Analyse de mes déchets

Je ne suis pas dans vos poubelles, mais a priori voici une petite liste de choses que vous devriez trouver :

  • les inévitables de base qui ont vraiment été utilisés : des épluchures, des coquilles d’oeufs utilisés, du sopalin utilisé, des dosettes de cafés, des sachets de thé

 

  • les restes : vous les avez cuisiné, mais il y en avait trop et vous ne savez pas quoi en faire, alors pour ne pas vous rendre malade, ça part à la poubelle. Mais parfois dans « les restes » il y a aussi des produits où vous vous êtes dits « ah ben je le garde, je le mangerai plus tard » et puis le plus tard n’est jamais arrivé, mais aujourd’hui vous avez des doutes (ou non) et il vaut mieux le jeter.

 

  • les non utilisés : la date de péremption est arrivée, et vous avez jeté. Vous n’aviez pas vu qu’il restait un yaourt dans le fond du frigo et oups la date est arrivée. Vous aviez oublié cette barquette de chipolatas ou cette dernière tranche de jambon dans son emballage.

 

Maintenant que vous avez identifiés, quels postes sont présents dans votre poubelle, vous allez pouvoir agir !! Et la réponse ne sera pas la même pour les différentes catégories.

Il y a donc deux schémas identifiables :

Soit vous avez vraiment utilisé ces produits et là on ne peut malheureusement pas diminuer, car vous en aviez besoin, il faudra trouver une solution pour les valoriser, car oui la bonne nouvelle c’est qu’on peut en faire quelque chose ! En fait je vous dis que vous ne pouvez pas les diminuer mais c’est faux, car certaines parties de légumes par exemple sont considérés comme des déchets alors qu’elles se mangent, mais c’est une autre histoire que je vous raconterai une autre fois ! (il s’agit de compostage ou de lombricompostage-

Soit ce sont des restes ou des oublis et vous avez du les jeter sans les utiliser. C’est assez ennuyeux, d’autant plus que vous avez dépensé de l’argent pour les acheter, et que vous n’avez même pas pu en profiter. Si vous n’êtes pas mort de faim, c’est que vous avez quand même trouvé de la nourriture pour satisfaire vos besoins par ailleurs. Le constat est donc simple : VOUS N’AVIEZ PAS BESOIN D’ACHETER CELA.

Désolée d’avoir crié, mais quand c’est écrit en gros et en gras, ça frappe un peu plus les esprits.

Nouvel objectif à mettre en place pour diminuer mes déchets

Vous avez identifié les deux schéma et vous savez dans quel cas vous êtes, sûrement un mix des deux.

Votre nouvel objectif est donc de n’acheter que ce dont vous avez besoin.

Ce qui vous permettra de jouer sur deux tableaux :

  • Vous gagnez des sous. En achetant uniquement ce dont vous avez besoin, vous ne jetez pas votre argent à la poubelle, comme les choses qui se sont périmés dans votre frigo sans que vous les ayez mangé.
  • Vous agissez pour l’environnement. Et oui, tout ce qui n’est pas dans la poubelle noire n’est ni enfouie sous terre, ni incinérée et recraché dans l’air que vous respirez.

Je vous entends dire : Oui mais si c’est compostable, et que ça va sous terre, du coup c’est bon ! NON. Car vos matières humides, vont rester dans votre sac noir fermé, un certain nombre de temps, sac dans lequel la chaleur augmente, mais où l’air ne circule pas. Tout cela va pourrir, se condenser et finir par créer des liquides très toxiques. Donc moins il y en a dans votre sac poubelle mieux c’est pour tout le monde ! Et oui, c’est double peine, non seulement ça pollue, mais en plus ce qui aurait pu être revalorisé et enrichir les sols ne le peut pas et va les détruire.

Mise en action de l’objectif : comment acheter uniquement ce dont j’ai besoin

Comment savoir de quoi vous avez besoin ? La réponse est une fois de plus très variable d’une famille à l’autre, voici quelques pistes de réflexion pour lesquelles ils vous faudra trouver vos réponses.

  • Combien de personne mangent à la maison ?
  • Combien de repas sont pris chaque semaine à la maison ?
  • A quelle fréquence faites vous vos courses ?

 

L’idée des menus ?

Si vous avec le temps, et que vous êtes organisé, pourquoi ne pas prévoir des menus. Ainsi vous pouvez faire votre liste de course en fonction de ce qui va être mangé.

Ces menus peuvent être très précis, mais si vous aimez la spontanéité, vous pouvez aussi les prévoir un peu plus flexible. Au lieu de prévoir « gratin pomme de terre chou fleur carotte », prévoir « gratin ». Et vous choisissez ce que vous mettrez dedans au moment d’arriver devant l’étalage des légumes par exemple.

Rien ne vous empêche non plus d’inverser des jours au fil de la semaine, si finalement le gratin initialement prévu le jeudi vous fais envie le mardi.

Essayez de prévoir des plats dont vous pourrez réutiliser les restes. Ex : la poêlée de légumes, qui devient une soupe, ou bien une purée et qui avec un oeuf se transformera en galette de légume.

Etablissez vos menus en fonction de la fréquence à laquelle vous allez faire vos courses.

On est jamais à l’abri d’une invitation à l’improviste… mais ce n’est pas parce qu’une botte de radis a passé 1 semaine et 1 jour dans votre frigo qu’elle n’est plus utilisable… par contre si elle y a passé 3 semaines ce n’est pas la même chose !

Utilisez en priorité les « bientôt périmés »

C’est l’évidence même et pourtant. Vérifiez votre frigo et regardez ce qui a pu être oublié mais est toujours consommable, ou ce qui va bientôt se périmer, et consommer le en premier. C’est ça de moins à acheter ou ça de moins à jeter.

Ne confondez pas date optimale d’utilisation et date de péremption

Souvent on pense qu’un aliment doit être jeté en regardant la date de péremption. Mais parfois cette date, n’est pas une date de péremption, mais une date limite d’utilisation optimale. Dans ce cas, le produit n’est pas périmé après le dépassement de cette date, mais il contient moins de valeur nutritive. Il n’est donc pas nécessaire de le jeter, il peut toujours être consommé.

Utilisez en priorité ce que vous avez déjà dans votre placard, ou dans votre congélateur

On entasse énormément de choses dans les placards ou les congélateurs. Peut être avez vous de la nourriture consommable mais que vous avez oublié, plutôt que d’en acheter de la nouvelle, vider votre congélateur ! Pourquoi entasser ? En utilisant ce que vous avez déjà chez vous, et surtout déjà acheté, vous n’utilisez pas des ressources qui n’ont pas encore été transformées, et vous gagnez de l’argent car vous dépensez moins pour vos prochaines courses. L’argent qui est dans votre congélateur ou dans vos placards a déjà été dépensé ! Vous ne pouvez pas revenir en arrière!

Préparer des « solutions B »

Qu’est ce que j’entends par là? Vous vous rendez compte par exemple que vous avez l’habitude de cuisiner toujours trop, du coup il y a toujours des restes. Et ces restes vous avez du mal à les consommer, ou à les transformer, ou peut être que vous n’aimez pas l’idée de manger plusieurs fois la même chose.

Dans ce cas-là, prévoyez des plus petites portions pour votre plat. Ainsi vous êtes sure qu’il n’en restera plus. Et prévoyez une entrée (salade ou soupe), ou un dessert (fruit ou gâteau), qui permettra de combler une faim qui n’aurait pas été finalement complètement assouvie par la portion initiale.

Ainsi une petite salade qui sera préparée mais assaisonnée qu’en cas de besoin, pourra être consommer le lendemain, si finalement elle n’était pas nécessaire.

Grâce à cela, vous pourrez un peu mieux doser les proportions dont vous avez besoin, et ainsi limiter les restes à jeter.

Entendons nous bien, je ne vous encourage absolument pas à jeter vos restes, il est toujours mieux de les réutiliser ! Mais je suis lucide, et je sais que quoiqu’il arrive pour certaines personnes il est inconcevable de consommer des restes, je ne vais donc pas me battre, mais plutôt les encourager à faire en sorte qu’il n’y ait pas de reste. Personne n’est là pour vous juger.

Achetez uniquement ce dont vous avez besoin !

C’est une redit de l’objectif. Mais c’est bien de le rappeler.

Pourquoi acheter 24 yaourts, alors que vous êtes seuls et que vous n’en mangez que 2 par semaine ? Parce qu’ils sont moins chers vendus par 24 ? En êtes vous vraiment sur ? L’appel de la grande quantité et du rapport poids /prix est parfois très tentant. Ne vous laissez pas berner, je vais vous donner un exemple caricatural, mais l’idée est là :

Acheter 2 yaourt à 0,30 euros l’unité, vous coûtera 0,60 euros pour la semaine. Acheter un pack de 12 yaourts à 0,10 euros l’unité vous coûtera 1,20 euros, mais si vous n’en mangez que 2, vous avez perdu 0,60 euros, et pourtant ces yaourts à la base ils étaient 3 fois moins cher !

60 centimes c’est rien, mais ajoutez les uns aux autres, ça finit par faire une belle somme sur un chariot de course. Et je ne parle pas de la différence de qualité entre les deux yaourts.

Est ce que vous avez besoin de ces 3 choux fleurs en promotion ? Alors que vous n’allez manger chez vous que 2 fois cette semaine ? L’appel de la promotion : difficile de lutter.. Ne vous laissez pas tenter si vous n’en avez pas besoin !

Méfiez vous du marketing. Vous n’avez pas besoin de consommer trop, au final c’est votre argent qui finit dans une poubelle en même temps que vos déchets.

Faites des courses régulièrement et prenez des dates de péremption lointaines

Faire des courses, cela prend du temps, mais tant que vous ne connaissez pas exactement ce dont vous avez besoin, essayez de faire vos courses une fois par semaine ou deux fois par mois. Ainsi vous pourrez faire le point sur ce qui est nécessaire ou non plus souvent, et ainsi moins jeter. Une fois que vous saurez ce dont vous avez vraiment besoin, vous pourrez plus facilement faire des courses pour le mois pour la partie non périssable, et de toute façon plus régulièrement pour la partie périssable, (une salade au bout d’un mois n’a pas la même tête que 2 jours après avoir été coupée).

Regardez et prenez toujours des dates de péremption lointaines, ainsi vous aurez plus de temps pour consommer ce que vous avez acheté en cas d’imprévus.

 

Donner plutôt que de jeter

Si malgré les conseils que vous venez de lire, vous avez trop acheter, et vous vous rendez compte que vous ne pourrez pas consommer avant la date de péremption (et que ce n’est pas congelable ou que votre congélateur déborde). Vous pouvez toujours donner, à vos amis ? vos proches ? vos collègues ? vos voisins peut être ?

Et si vraiment vous ne connaissez personne, pourquoi ne pas demander à une association si elle pourrait en avoir besoin ou pourquoi ne pas utiliser le site Partage ton Frigo ?

 

Où en sommes nous dans notre démarche vers le 0 déchet ?

On avance et même plutôt très bien

  • Vous faites le tri de vos déchets, une partie de vos déchets est donc revalorisée
  • Vous jetez moins de nourriture non consommée ou non utilisée dans votre poubelle. Elle est plus légère, et votre porte monnaie est également plus heureux, car vous limitez vos dépenses à ce dont vous avez besoin, pour ne plus jeter votre argent à la poubelle.

La route est encore longue, mais normalement vous avez déjà pu réduire plutôt sensiblement la part de vos poubelles dont on ne peut rien faire.

Vous n’avez rien changer à vos habitudes de consommation, vous achetez juste ce dont vous avez besoin, ni plus, ni moins. Et pourtant, la différence est déjà visible !

 

Prochaine étape : Vers la revalorisation de vos déchets organiques.

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